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le tiers livre.

passions, songea qu’il parloit au diable & qu’il luy comptoit ses doleances. Le diable le reconfortoit, & luy mist vn anneau on maistre doigt, disant. Ie te donne cestuy anneau : tandis que l’auras on doigt ta femme ne sera d’aultruy charnellement congneue sans ton sceu & consentement. Grand mercy (dist Hans Carüel) monsieur le diable. Ie renye Mahon, si iamais on me l’oste du doigt. Le diable disparut : Hans Carüel tout ioyeulx s’esueigla, & trouua qu’il auoit le doigt on comment a nom ? de sa femme. Ie oubliois à compter comment sa femme le sentent, reculloit le cul arriere, comme disant ouy nenny, ce n’est ce qu’il y fault mettre : & lors sembloit à Hans Carüel qu’on luy voulust desrobber son anneau. N’est ce remede infallible ? A cestuy exemple faiz, si me croys, que continuellement tu ayez l’anneau de ta femme on doigt. Icy feut fin & du propous & du chemin[1].


  1. Brundusium longæ finis chartæque viæque.

    (Horace, Satires, 1, 5, v. 104)