Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/311

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui tant resistat aux coups. Et puis que les couillevrines se y vinssent froter. Vous en verriez par dieu incontinent distiller de ce benoist fruict de grosse verolle menu comme pluye. Sec au nom des diables. Davantaige la fouldre ne tomberoit iamais dessus. Car pourquoy ? ilz sont tous benitz ou sacrez. Ie n’y voys qu’ung inconvenient. Ho ho ha ha ha, dist Pantagruel. Et lequel ? C’est que les mousches en sont tant friandes que merveilles, & se y cueilleroient facillement & y feroient leur ordure, & voilà l’ouvrage gasté & diffamé. Mais voicy comme l’on y remedroit. Il fauldroit tresbien les esmoucheter avecques belles quehues de renards, ou bons gros vietz d’azes de Provence. Et à ce propos ie vous veulx dire, nous en allant pour soupper ung bel exemple que met frater Lubinus, libro de compotationibus mendicantium.

Au temps que les bestes parloient (il n’y a pas troys iours) ung pouvre lyon par la forest de Biere se pourmenant & disant ses menus suffrages passa par dessoubz ung arbre auquel estoit monté ung villain charbonnier pour abattre du boys. Lequel voyant le lyon, luy getta la coignée, & le blessa enormement en une cuysse. Dont le lyon cloppant tant courut & tracassa par la forest pour trouver ayde, qu’il rencontra ung charpentier, lequel voulentiers regarda la playe, et la nettoyat le mieulx qu’il peust, & l’emplyt de mousse, luy disant, qu’il esmouchast bien la playe, que les mousches ne y cuyllassent point, attendant qu’il yroit chercher de l’herbe au charpentier. Ainsi le lyon guery, se pourmenoit par la forest, à quelle heure une vieille sempiterneuse ebuschetoit et amassoit du boys par ladicte forest, laquelle voyant le lyon venir, tumbat de peur à la renverse de telle façon,