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quand on luy demanda : Pourquoy la grande cité de Lacedemone n’estoit pas ceincte de murailles ? Car monstrant les habitans et citoyens de la ville tant bien expers en discipline militaire, tant forz & bien armez. Voicy, dist il, les murailles de la cité. Signifiant qu’il n’est murailles que de os, et que les villes ne sçauroient avoir muraille plus seure & plus forte que de la vertuz des habitans. Ainsi ceste ville est si forte par la multitude du peuple bellicqueux qui est dedans, qu’ilz ne se soucient point de faire aultres murailles. Et davantaige, qui la vouldroit emmurailler comme Strasbourg, Orleans, ou Ferrare, il ne seroit possible, tant les frays seroient excessifz. Voire mais, dist Panurge, si faict il bon avoir quelque visaige de pierre quand on est envahy de ses ennemys, et ne feust ce que pour demander, qui est là bas ? Et au regard des frays enormes que dictes estre necessaires si l’on la vouloit murer, si messieurs de la ville me veullent bien donner quelque bon pot de vin, ie leur enseigneray une maniere bien nouvelle, comment ilz pourront bastir à bon marché. Et comment ? dist Pantagruel. Ne le dictes donc pas, respondit Panurge, si ie vous l’enseigne. Ie voy que les callibistrys des femmes de ce pays, sont à meilleur marché que les pierres. D’iceulx fauldroit bastir les murailles en les arrangeant en bonne symmetrie d’architecture, & mettant les plus grans au premiers rancz, et puis en taluant à doz d’asne arrangeant les moyens & finablement les petitz. Et puis faire ung beau petit entrelardement à poinctes de diamens comme la grosse tour de Bourges, de tant de vitz qu’on couppa en ceste ville es pouvres Italiens à l’entrée de la Reyne.

Quel diable desferoit une telle muraille ? Il n’y a metal