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bien longtemps, et proffita beaucoup en la faculté des loix, et disoit aulcunesfois que les livres des loix luy sembloyent une belle robbe d’or, triumphante et precieuse à merveilles, qui feust brodée de merde : « Car, disoit-il, au monde n’y a livres tant beaulx, tant aornés, tant elegans comme sont les textes des Pandectes ; mais la brodure d’iceulx, c’est assavoir la Close de Accurse, est tant salle, tant infame et punaise, que ce n’est que ordure et villenie. »

Partant de Bourges, vint à Orleans, et là trouva force rustres d’escholiers qui luy firent grand chere à sa venue, et en peu de temps aprint avecque eulx à jouer à la paulme, si bien qu’il en estoit maistre, car les estudians dudict lieu en font bel exercice. Et le menoyent aulcunesfoys es Isles pour s’esbatre au jeu du Poussavant. Et, au regard de se rompre fort la teste à estudier, il ne le faisoit mie, de peur que la veue luy diminuast. Mesmement que un quidam des regens disoit souvent en ses lectures qu’il n’y a chose tant contraire à la veue comme est la maladie des yeulx. Et, quelque jour que l’on passa licentié en loix quelc’un des escholliers de sa congnoissance, qui de science n’en avoit gueres plus que sa portée, mais en recompense scavoit fort bien danser et jouer à la paulme, il fit le blason et divise des licentiez en ladicte université, disant :

Un esteuf en la braguette,
En la main une raquette,
Une loy en la cornette,
Une basse dance au talon,
Vous voylà passé coquillon.