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de paulme et de grosse balle. Du cousté de la tour Cryere estoit le vergier, plein de tous arbres fructiers, tous ordonnées en ordre quincunce. Au bout estoit le grand parc, foizonnant en toute sauvagine.

Entre les tierces tours estoient les butes pour l’arquebuse, l’arc, et l’arbaleste ; les offices hors la tour Hesperie, à simple estaige ; l’escurye au dela des offices ; la faulconnerie au davant d’icelles, gouvernée par asturciers bien expers en l’art, et estoit annuellement fournie par les Candiens, Venitiens et Sarmates, de toutes sortes d’oiseaux paragons, aigles, gerfaulx, autours, sacres, laniers, faulcons, esparviers, esmerillons, et aultres, tant bien faictz et domesticquez que, partans du chasteau pour s’esbatre es champs, prenoient tout ce que rencontroient. La venerie estoit un peu plus loing, tyrant vers le parc.

Toutes les salles, chambres et cabinetz, estoient tapissez en diverses sortes, selon les saisons de l’année. Tout le pavé estoit couvert de drap verd. Les lictz estoient de broderie. En chascune arriere chambre estoit un miroir de christallin, enchassé en or fin, au tour garny de perles, et estoit de telle grandeur qu’il pouvoit veritablement representer toute la personne. À l’issue des salles du logis des dames, estoient les parfumeurs et testonneurs, par les mains desquelz passoient les hommes, quand ilz visitoient les dames. Iceulx fournissoient par chascun matin les chambres des dames d’eau rose, d’eau de naphe, et d’eau d’ange, et à chascune la precieuse cassollette, vaporante de toutes drogues aromatiques.