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du Quart livre, parus à Lyon dans les premiers mois de 1548.

En tous cas, Rabelais était certainement à Rome avant le mois de juin 1548, et il y était encore au printemps suivant lorsque le cardinal donna sa fête fameuse en l’honneur de la naissance du duc d’Orléans, fils d’Henri II et de Catherine de Médicis (mars 1549). Féérie merveilleuse, composée de combats sur terre et sur eau, de courses de taureaux, de défilés de troupes, de tableaux mythologiques, de festins, de feux d’artifice dont maître François, sans doute un des principaux organisateurs, fit imprimer le récit par Gryphe sous le titre de Sciomachie !

Ce dernier séjour au-delà des monts, sans doute aussi fécond pour Rabelais que les précédents, est celui sur lequel nous sommes le moins bien renseignés. Autant dire que nous n’en savons rien. Au mois de novembre 1549 le cardinal, qui s’était mis en route pour la France, reçoit l’ordre de revenir à Rome et d’assister au conclave. Rabelais le devance à Paris, rapportant au complet le manuscrit du Quart livre.

Cette fois, maître Alcofribas pouvait se croire à l’abri des inconstances du sort. Avec son bon sens aiguisé de finesse qui lui fit toute sa vie garder un pied dans les deux camps, il s’était assuré la protection des nouveaux conseillers du roi Henri II, du cardinal de Guise, chef de la faction catholique, et du cardinal de Châtillon, manifestement incliné vers la Réforme. Il vivait tranquille au château de Saint-Maur où le cardinal, revenu malade d’Italie, récompensait les soins de son médecin en lui faisant obtenir les cures de Saint-Christophe du Jambet, au diocèse du Mans, et de Meudon (18 janvier 1550). Le 6 août 1550, le roi avait gracieusement accordé un privilège pour le Quart livre, qui servait sa politique gallicane du moment.

Mais Rabelais ne devait pas, cette fois plus que les autres, échapper à ses ennemis sorbonnicoles. Le Quart livre, le plus hardi de son œuvre, était à peine mis en vente (28 janvier 1552) que la Faculté de théologie le censurait, et comme Henri II dans l’intervalle avait fait sa paix avec Rome, le Parlement condamna ses attaques contre la pa-