Page:Rabelais - Gargantua et Pantagruel, Tome I (Texte transcrit et annoté par Clouzot).djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lui valurent un renom de novateur avisé, Quant à sa qualité d’humaniste, la lettre fameuse qu’il adressa à Érasme, le 30 novembre 1532, atteste en quelle estime le tenaient les plus grands esprits de son temps.

Est-ce à cette période de sa vie qu’il faut rapporter la naissance de ce jeune Théodule, de ce fils mystérieux qui mourut à deux mois, après avoir vu des cardinaux romains incliner leur pourpre sur son berceau ? Touchante énigme posée par des vers de Boyssonné, docte professeur à la faculté de Toulouse : « Lugdurum patria, at pater est Rabelæsus,… Lyon est sa patrie, Rabelais est son père ; qui les ignore tous les deux ne connaît pas deux grandes choses en ce monde ! »

Dans tous les cas, c’est de ce séjour à Lyon que date l’amitié de Rabelais avec Étienne Dolet, et les premiers témoignages de la protection des frères du Bellay. Faveur si étroite, si longtemps soutenue, que les biographes, pour l’expliquer, l’ont fait remonter à une camaraderie de collège au couvent de la Baumette !

Au milieu de janvier 1534, Jean du Bellay, évêque de Paris, envoyé à Rome comme ambassadeur près du Saint-Siège, attacha le médecin de l’Hôtel-Dieu à sa personne et l’emmena en Italie. Ils y restèrent deux mois, l’évêque à négocier sur le divorce du roi d’Angleterre, Rabelais à visiter la ville des papes avec ses amis Nicolas Leroy et Claude Chapuis, et à s’enquérir des plantes et des curiosités naturelles du pays. Même, il avait fait le projet de composer une description complète de Rome, dont il était arrivé à connaître jusqu’à la moindre ruelle, quand un antiquaire milanais le devança. L’ambassade revenue à Lyon, aù milieu de mai, la Topographia antiquæ Romæ de Marliani était prête à paraître. Rabelais dut se contenter d’en donner une édition revue et complétée qui parut chez Gryphe quatre mois plus tard.

Voilà le médecin revenu au chevet de ses malades « très précieux », auprès de qui, disons-le à son honneur, il s’était fait régulièrement remplacer. Mais une nouvelle absence, au début de 1535, motivée par les mesures de rigueur prises contre les suspects de luthéranisme, obligea les recteurs de