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parachevée, se purgoit des excrements naturelz : puis se remettoit à son estude principale par troys heures ou davantaige : tant à repeter la lecture matutinale, que à poursuyvre le livre entrepris, que aussi à escripre & bien traire & former les antiques & Rhomaines lettres. Ce faict yssoient hors leur hostel, avecques eulx un gentilhomme de Touraine nommé l’escuyer Gymnaste, lequel luy monstroit l’art de chevalerie. Changeant doncques de vestemens monstoit sus un coursier/ sus un roussin/ sus un genet/ sus un cheval legier : & luy donnoyt cent quarrières, le faisoit voltiger en l’air, franchir le fossé, saulter le palys, court tourner en un cercle, tant à dextre comme à senestre. La rompoyt non poinct la lance. Car c’est la plus grande reserve du monde, dire, Iay rompu dix lances en tournoy, ou en bataille : un charpentier le ferot bien. Mais louable gloire est d’une lance avoir rompu dix de ses ennemys. De sa lance doncq asserée, verde & roidde, rompoyt un huys, enfonczoyt un arnoys, aculloyt une arbre, enclavoyt un aneau, enlevoyt une selle d’armes, un aubert, un guantelet. Le tout faisoit armé de pied en cap. Au reguard de fanfarer & fayre les petitz popismes sus un cheval nul ne le feist mieulx que luy. Le voltigeur de Ferrare n’estoyt qu’un cinge en comparaison. Singulierement estoyt aprins à saulter hastivement d’un cheval sus l’aultre sans