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Lequel par ce qu’ets trop bas d’aage (car il n’a encores que cinq ans accomplyz) sera gouverné & instruict par les anciens princes & gens sçavans du royaulme. Et par autant qu’un royaulme ainsi desolé, seroit facilement ruiné, si l’on ne refrenoyt la convoytise & avarice des administrateurs d’icelluy : ie ordonne & veulx que Ponocrates soyt sus tous ses gouverneurs entendent avecques autorité à ce requise, & assidu avecques l’enfant : iusques à ce qu’il le congnoistra idoine de povoir par soy regir & regner. Ie consydère que facilité trop enervée & dissolue de pardonner es malfaisans, leur est occasion de plus legierement de rechief mal faire, par ceste pernicieuse confiance de grace. Ie consydère que Moyse, le plus doulx homme qui de son temps feust sus la terre, aigrement punissoyt les mutins & seditieux au peuple de Israel. Ie consydère que Iules Cesar empereur tant debonnaire, que de luy dict Ciceron : que sa fortune rien plus souverain n’avoit, si non qu’il vouloit tousiours saulver, & pardonner à un chascun. Icelluy toutesfoys ce non obstant en certains endroictz punit rigoureusement les auteurs de rebellion. A ces exemples ie veulx que me livrez avant le departir : premierement ce beau Marquet, qui a esté source & cause première de ceste guerre par sa vaine oultrecui-