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Lors chargèrent sus roiddement, toutesfois grandement feurent endommaigez par ceulx qui estoient sus les murs en coupz de traict & artillerie. Quoy voyant Gargantuaen grande puissance alla les secourir, & commencza son artilleie à hurter sus ce quartier de murailles, tant que toute la force de la ville y fut evocquée. Le moyne voyant celluy cousté lequel il tenot assiegé, denué de gens & guardez, magnanymement tyra vers le fort & tant feist qu’il monta sus, luy & aulcuns de ses gens pensant que plus de craincte & de frayeur donnent ceux qui surviennent à un conflict, que ceulx que lors à leur force combattent. Toutesfoys ne feist oncques effroy, iusques à ce que tous les siens eussent guaigné la muraille, excepté les deux cens hommes d’armes qu’il laissa hors pour les hazars. Puis s’escria horriblement & les siens ensemble, & sans resistance tuèrent les guardes d’icelle porte, & là ouvrirent es hommes d’armes & en toute fierté coururent ensemble vers la porte de l’Orient, où estoit le desarroy. Et par darrière renversèrent toute leur force, voyans les assiegez de tous coustez, & les Gargantuistes avoir guaigné la ville, se rendirent au Moyne à mercy. Le Moyne leurs feist rendre les bastons & armes : & tous retirer & resserrer par les esglises saisissant tous les bastons des croix, &