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de l’evangile. Par lequel nous est commandé, garder, saulver, regir, et administrer chascun ses pays et terres, non hostilement envahir les aultres. Et ce que les Sarrazins & Barbares iadys appelloient prouesses, maintenant no’appellons briguanderies, et mechansetez. Mieulx eust il faict soy contenir en sa maison royallement la gouvernant que insulter en la mienne, hostilement la pillant. Car par bien la gouverner l’eust augmentée, par me piller sera destruict. Allez vous en au nom de dieu suyvez bonne entreprinse remonstrez à vostre roy les erreurs que congnoistrez. Et iamais ne le conseillez ayant esgard à vostre profit particulier, car avecques le commun est aussy leur propre perdu. Quand est de vostre ranczon, ie vous la donne entierement, & veulx que vous soient renduez armes & cheval, ainsi fault il fayre entre voisins & anciens amis, veu que ceste nostre difference, n’est poinct guerre proprement. Comme Platon vouloit estre non guerre nommée, ains sedition quant les Grecz meuvoient armes les uns contre les aultres. Ce que si par male fortune advenoyt, il commende qu’on usa de toute modeste. Si guerre la nommez, elle n’est que superficiaire : elle n’entre poinct au profond cabinet de noz cueurs. Car nul de nous n’est oultraigé en son honneur : & n’est question en somme totale, que de rabiller quelque