Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

& arquebuses, visans tous à sa teste : & si menu tiroyent contre luy, qu’il s’escrya. Ponocrates mon amy ces mouches icy me aveuglent, baillez moy quelque rameau de ses saulles pour les chasser. Pensant des plombées & pierres d’artillerye que feussent mousches bovines. Ponocrates l’advisa que ce n’estoient aultres mousches que les coups d’artillerye que l’on tiroyt du chasteau. Alors chocqua de son grand arbre contre le chasteau, & à grans coups abastit & tours, & forteresses, & ruyna tout par terre. Par ce moien feurent tous rompuz, & mys en pièces ceulx qui estoient en icelluy. De là partans arrivèrent au port du molin, & trouvèrent tout le gué couvert de corps mors, en telle foulle qu’ilz avoient enguorgé le cours du molin. Et c’estoient ceulx qui estoient peritz au deluge urinal de la iument. Là feurent en pensement comment ilz pourroient passer, veu l’empeschement de ces cadavres. Mais Gymnaste dist. Si les diables y ont passé, ie y passeray fort bien. Les diables (dist Eudemon) y ont passé pour en emporter les ames damnées : sainct Treignan (dist Ponocrates) par doncques consequence necessaire il y passera. Voyre voyre, dist Gymnaste, ou ie demoureray en chemin. et donnant des esperons à son cheval passa franchement oultre, sans que iamais son cheval eust fraieur des