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ce que vit ambroise et ce qu’il entendit.

entonna de toutes parts des cantiques sacrés, et, au son de cette sainte harmonie, se joignirent bientôt les cris perçants de plusieurs obstinés hérétiques, qui furent brûlés vifs. Voilà, monsieur, ce qui s’appelle de la bonne politique, car vous comprenez bien que l’exemple du prince dut faire une prompte et vive impression sur les esprits de toute la populace de Paris, et lui inspirer le goût des bûchers pour tout un siècle. »

L’homme noir le prenait sur un ton si haut que le maître de la maison comprit qu’il fallait céder ; il était trop dangereux, dans ces beaux jours du siècle brillant de Louis XIV, de témoigner de l’humanité pour les hérétiques ; et cette humanité était elle-même une hérésie punissable. Il feignit donc d’entrer dans les idées du jésuite, et la conversation fut très paisible. Ils admirèrent. ensemble le grand avantage des processions, qui sont autant de petites armées saintes, rassemblées sous la bannière de la paroisse, et que le zèle rend capable de tout entreprendre. Ils trouvèrent qu’il n’était ni indécent, ni cruel de traîner un cadavre nu et sanglant dans les rues. On cita, à ce sujet, Homère et l’exemple d’Achille ; on admira la politique impartiale de la Société (des Jésuites), qui forçait les protestants à recevoir les sacrements qu’elle faisait refuser aux jansénistes[1] ; on convint, mais à voix un peu basse,

  1. Toute la ville de Melun peut attester le fait suivant. Tout