Page:Rabaut - Le vieux Cévenol, 1886.djvu/149

Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
le vieux cévenol.

veut bien. Qu’il les tolère, qu’il les autorise ; que les chrétiens du dix-huitième siècle nous accordent ce que les chrétiens du second demandaient aux empereurs ; et ces assemblées ne seront que le rendez-vous de gens simples et pieux qui prient en français pour leur patrie et pour leur roi.

Il était tard et les voyageurs avaient un peu de chemin à faire ce jour-là ; ils prirent congé. Le maître de la maison voulut leur faire voir la campagne ; ils virent une métairie toute neuve, et, auprès, des masures noircies par le feu. Il leur dit que sa maison avait été démolie trois ou quatre fois depuis le temps de M. de Rohan, et qu’enfin elle avait été brûlée par les soldats du roi, lors de la guerre des Camisards. Il leur fit voir de loin deux ou trois villages qui avaient été brûlés aussi. — Quelques-unes de ces campagnes, leur dit-il, sont encore en friche depuis la célèbre révocation. Effrayés par les lois pénales, nous n’osons guère acheter des biens-fonds, de peur d’être obligés de les abandonner. Cependant nous nous sommes hasardés à replanter des mûriers, qui nous rapportent considérablement. Nous alimentons déjà les fabriques avec des soies de notre cru. C’est nous qui payons les trois quarts des impôts de ces cantons ; et les impositions sur notre industrie en particulier ont doublé depuis dix ans. Que de bien ne ferait pas une tolérance solide, et qui ne serait plus soumise à l’inconstance