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ambroise va au prêche.

Les sentiments du jeune homme se peignaient sur sa physionomie franche et ouverte.

— Ne croyez pas, messieurs, dit-il aux convives, que j’aie voulu insulter à vos maux, en tournant en ridicule les opinions qui vous les attirent. Des malheureux, quels qu’ils soient, seront toujours pour moi un objet de respect, et je sais trop que, pour être persécuté, il ne faut souvent qu’avoir raison. Je croirais même pouvoir établir pour règle générale que, de deux partis dont l’un persécute l’autre, c’est le persécuteur qui a tort. Mais souffrez que, comme ami des infortunés, je vous fasse faire quelques réflexions. Si celle de mon ami vous a frappés, vous devez avoir senti que ce qu’il y a d’essentiel dans le culte, c’est l’hommage rendu à Dieu ; mais que ce qu’il y a d’indifférent, c’est la manière ou le rite extérieur de cet hommage. Pourquoi donc ne vous en tiendriez-vous pas au culte du cœur, ou, tout au plus, au culte domestique qui ne vous est pas défendu ? Vous rendriez ainsi à Dieu ce que vous lui devez, et vous ne seriez pas exposés aux punitions des hommes.

Hé ! monsieur, lui répondit alors le maître de la maison, pensez-vous que nous ne le fissions pas, si nous avions l’opinion que vous avez ? Mais notre opinion est autre. Nous croyons que Dieu veut que nous l’adorions de telle manière, et nous ne pouvons adhérer à aucun autre culte ; il faut bien, de l’aveu même de votre ami, que