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ambroise va au prêche.

— Il semble, à votre raisonnement, que vous pensez qu’au fond l’extérieur du culte est une chose très indifférente. Dans ce cas, pourquoi le roi ne forcerait-il pas ceux qui ont un autre extérieur d’adopter le sien ?

— Hé ! monsieur, pour mille raisons : la première, c’est qu’il ne réussirait pas. Cette tentative nous a déjà coûté cinq guerres civiles et trois millions de citoyens ; voilà une expérience un peu coûteuse. Vous voyez, par le zèle de ces messieurs, combien ils tiennent à cette opinion. Fût-elle une erreur, ils la croient une vérité ; et pour eux c’est précisément la même chose. J’ose dire que jusqu’à ce qu’ils aient trouvé mieux, ils sont obligés de la suivre. Je voudrais de tout mon cœur que les idées des hommes s’ennoblissent et se perfectionnassent ; je donnerais tout mon sang pour cela ; mais je ne voudrais pas que, pour les y amener, on versât une goutte du leur.

Il y eut alors un murmure d’applaudissement chez tous les convives. Ces cœurs flétris et humiliés par de longues infortunes s’épanouissaient aux discours humains de l’étranger, comme des fleurs battues par l’orage entr’ouvrent leur sein à l’approche du calme.

Hélas ! messieurs, leur dit alors l’un d’eux, vous dites bien ; nous pouvons nous tromper ; il nous semble que le culte simple que nous rendons à Dieu est celui qui se rapproche le plus de la nature ; nous ne rejetons même les