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le vieux cévenol.

reste était prisonnier[1]. La mère d’Ambroise

  1. L’édit de la révocation de celui de Nantes, en défendant les assemblées, prononçait la confiscation de corps et de biens ; la peine de mort ne fut décernée expressément que par l’édit du 1er juillet 1686, article v. Une ordonnance du 12 mars 1689 confirme cette disposition, et ordonne, de plus, que ceux qui n’auront pas été pris en flagrant délit, mais qu’on saura avoir assisté à ces assemblées, seront envoyés aux galères pour la vie, par les commandants ou intendants des provinces, sans forme ni figure de procès. Quelle était donc la cause de cette excessive sévérité, de cette violation des droits des citoyens, qui ne peuvent être condamnés à des peines afflictives sans un jugement régulier, droit que les ordonnances mêmes de Louis XIV avaient reconnu ?

    L’on m’avouera donc qu’il est bien dur de condamner aux galères des citoyens paisibles, des gentilshommes qui avaient versé leur sang pour la patrie, parce qu’ils avaient prié Dieu en français et en commun pour la prospérité de l’État et du prince. Il était donc cruel de laisser subsister ces déclarations et de les confirmer même par une autre, du 14 mai 1724, après que soixante ans d’une soumission, qui n’a pas même été troublée par un murmure, ont prouvé que les protestants français sont des sujets obéissants et des citoyens fidèles.

    Toutes ces déclarations ont été la cause des excès commis par les troupes. Le 17 mars 1745, deux compagnies du régiment de La Rochefoucault-cavalerie, fusillèrent, près de Mazamet, dans le diocèse de Lavaur, une assemblée, quoiqu’on ne leur fit aucune résistance. — Cent vingt-trois fantassins en firent de même le 21 novembre suivant, proche Saint-Hippolyte, en Cévennes. — Le 8 septembre 1748, aux environs de Saint-Ambroix, diocèse d’Uzès, un détachement insulta les femmes et les filles, leur arracha leurs bagues, crochets d’argent et colliers, leur prit ce qu’elles avaient d’argent, et blessa diverses personnes. — Des dragons firent le même traitement à une autre assemblée, le 9 juin 1749, en Dauphiné, près de Montmeyran. — Le 22 novembre 1750, plusieurs personnes furent aussi blessées proche d’Uzès, par cent cinquante