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nies assez bien assises pour nous offrir les avantages qu’on s’en promet, il nous faudra du temps et de la patience. Le lien de dépendance administrative importe d’ailleurs beaucoup moins, en ces matières, que le lien de parenté et de langue, et c’est ainsi que de toutes les « colonies » que la France a projetées au dehors, celle qui lui rapporte le plus et lui procure, à moins de frais, le marché le plus profitable et le plus sûr, c’est l’essaim de Français qui habite la République argentine et qui n’est relié à la France par aucun lien politique ou administratif. Les vraies colonies d’un peuple sont donc les lieux où sa race est établie, où sa langue est parlée et où les échanges commerciaux lui sont facilités par cette double communauté de langue et de race. Alors même que le Cap, l’Australie, le Canada-Anglais seraient devenus indépendants comme les États-Unis d’Amérique, l’Angleterre ne cessera pas d’entretenir avec ces divers pays des relations actives et d’y avoir des débouchés ouverts pour les produits de ses manufactures de Manchester et de Birmingham, et Liverpool ne laissera pas d’être le grand point de départ et d’arrivée des échanges avec ces contrées comme il l’est actuellement des échanges avec l’Amérique du Nord. Alors même que toutes les colonies d’origine anglaise briseraient un jour le lien qui les rattache à leur métropole, les Anglais y maintiendront toujours, dans la concurrence commerciale, leur supériorité sur les peuples d’autre race et d’autre langue.

Sachons donc apprécier à sa haute valeur et utiliser, là où il se trouve, cet avantage précieux que crée la parenté d’origine et la communauté de langue. Nulle part, hors de nos frontières, la race française n’est éta-