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soient fidèles à leur passé, qu’ils s’inspirent des meilleures leçons de l’histoire de leurs pères, qu’ils soient toujours dignes d’être cités en exemple pour la fécondité de leurs familles, pour leur courage, leur ardeur au travail, leur patriotisme et leur moralité, et ils éprouveront, d’une manière ou de l’autre, l’effet de cette bénédiction dont parle l’Écriture : « La justice élève les nations… Heureux le peuple dont l’Éternel est le Dieu ! »

Ces perspectives d’extension, de grandeur et d’indépendance d’une nationalité qui est vraiment « la chair de notre chair » sont bien faites pour nous intéresser, nous Français d’Europe, si nous avons conservé le juste souci de l’avenir de notre race et de notre nom. Suivant la remarque de M. de Lamothe, « aujourd’hui les Anglo-Saxons, les Hispano et Lusitano-Américains, les Slaves et, sur une moindre échelle, les Français eux-mêmes, ont occupé ce qu’il y avait de plus fertile et de plus habitable pour la race caucasienne sur la surface de notre planète ; les émigrants des autres peuples ne pourront que se fondre dans les masses déjà fixées au sol. Le Germain deviendra, aux États-Unis, un Anglo-Saxon de langue, d’éducation et d’idées ; l’Italien, transplanté à la Plata, n’est plus, au bout d’une ou deux générations, qu’un créole espagnol. Aux Français, il reste l’Afrique du Nord et le Canada. Puissent-ils ne pas l’oublier au milieu de leurs discordes intestines !

« Et qu’on ne vienne pas nous dire, poursuit notre auteur, que nous n’avons point à nous intéresser à des pays peuplés jadis par notre race, mais dont les destinées échappent aujourd’hui au contrôle direct de la