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C’est par les descendants de ces Acadiens si souvent et si cruellement pourchassés, que la nationalité française est surtout représentée dans les « provinces maritimes » de la Confédération canadienne : le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’île du Prince-Édouard. Comme ces humbles perce-neige qui fendent l’écorce d’un sol glacé, luttent contre vents et frimas, et annoncent le retour du printemps avant la fin de l’hiver, ce faible rejeton du vieux tronc français, transplanté sous ce rude ciel de l’Amérique du Nord, assailli par tant d’ouragans, déraciné et brisé vingt fois, tient encore debout et, comme la verge d’Aaron, refleurit quand on le croyait desséché. Qui sait quelles destinées attendent peut-être ce peuple aux mœurs simples, douces et laborieuses, et quelles compensations la Providence lui réserve pour tous les maux qu’il a soufferts, s’il garde la tradition du mâle héroïsme de ses pères, tout en acquérant l’instruction et les connaissances qui lui manquent trop encore !

La superficie territoriale du Nouveau-Brunswick est de 70.762 kilomètres carrés. Ce pays, montagneux et couvert de magnifiques forêts, est encore peu peuplé, relativement à son étendue. L’émigration anglaise ne s’y est portée que fort tard, et l’on n’y comptait encore, au dernier recensement, que 321.129 habitants, dont un très grand nombre s’occupent de l’exploitation et du commerce des bois. La capitale de la province, Frederickton, compte 7.000 habitants ; Saint-John ou Saint-Jean à l’embouchure du fleuve de ce nom, en a 30.000.

La race française y est représentée par 93.387 individus, presque tous descendus des Acadiens de l’isthme