Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/474

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

thier et Sorel, qui se font vis-à-vis, cette dernière ville assez industrieuse et comptant aujourd’hui 5,800 âmes de population.

Nous notons encore sur les deux rives du fleuve quelques agglomérations sans grande importance : La Noraye, La Valtrie, Verchères, et nous arrivons à l’île de Montréal, longue de dix à onze lieues et large d’un peu moins de moitié, qui forme le comté du même nom et qui renferme plusieurs paroisses outre Montréal, la ville la plus importante et la plus populeuse de tout le Canada.

Montréal, que les PP. jésuites ou sulpiciens, très prodigues de noms de saints, avaient baptisé à l’origine Ville-Marie, tire son nom d’une montagne assez importante qui s’élève au milieu de l’île et que Champlain et ses compagnons désignèrent du nom de Mont-Royal ou d’après la prononciation d’alors Mont-Réal. Assise à l’aise à la base de ce mont, elle baigne ses pieds dans les eaux argentées du fleuve qu’un immense pont tubulaire, le pont Victoria[1], traverse aujourd’hui et qui semblable à une chaîne au cou d’un géant, marque en traits saisissants la domination de l’homme sur les œuvres les plus grandioses de la création. Tandis que Québec et les petites villes que nous venons de nommer sont peuplées presque exclusivement de Canadiens français, la population de Montréal qui comptait au dernier recensement 140, 682 habitants, est pour une no-

  1. Sa longueur est de près de 3 kilomètres (6.133 pieds), sa galerie est formée de vingt-cinq tubes en fer, soutenus à 60 pieds au-dessus du niveau du fleuve, par deux culées et vingt-quatre piles d’un calcaire noir compact. La construction de ce pont n’a pas coûté moins de 30 millions de notre monnaie.