Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/445

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

argentifères et l’argent natif, notamment, se trouve en plusieurs points du pays.

Ajoutons que ce que l’on connaît actuellement des trésors minéraux du Canada est peu de chose probablement auprès de tous ceux que le sol tient en réserve pour le jour où la population du Nouveau-Monde ayant quintuplé ou décuplé, et les profits de l’agriculture ne suffisant plus aux possesseurs du sol, l’industrie de l’homme mettra en œuvre toutes ces richesses enfouies aujourd’hui dans les entrailles de la terre.

En attendant, « labourage » et « pâturage » sont les deux mamelles du Canada, comme ils l’étaient de la France, au temps de Sully. À ce point de vue encore, la Providence a bien fait les choses pour nos arrière-neveux du Canada. Sans doute, il y a, dans l’ensemble du territoire qui leur est départi, quantité de terres improductives, de terrains sablonneux et pierreux et de ces « savanes dont nos romanciers se sont fait une image idéale, et qui ne sont en réalité que des marais revêtus de broussailles[1] ». Mais s’il y a là des terrains dont on ne songe guère, au moins aujourd’hui, à entreprendre le défrichement, combien d’autres sont excellemment propres à l’agriculture ! Dans toute la vallée du Saint-Laurent, jusqu’à la chaîne des Laurentides, le sol, à l’exception de quelques cantons moins favorisés, est fait d’une couche de terre légère et noirâtre, d’un mètre environ d’épaisseur, reposant sur un lit profond de glaise. Ce sol, qui se prête admirablement à la culture du froment et de toutes sortes de céréales, était autrefois, avant l’arrivée des premiers colons français, tout couvert de la toison épaisse, mystérieuse et farou-

  1. X. Marmier, Lettres sur l’Amérique.