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sites de la France, le Canada ne laisse pas d’offrir à L’œil du voyageur quantité de perspectives pittoresques. Ce qui en fait surtout le caractère, c’est leur étendue. Sur le continent américain, il semble que tout soit plus large, plus vaste que dans notre vieille Europe. Plaines sans limites, forêts aussi vieilles que la terre, et naguère encore vierges de la cognée du bûcheron ; fleuves ou lacs dont l’œil a peine à distinguer les deux rives, îles verdoyantes, rapides et « sauts » torrentueux, chutes et cataractes imposantes comme celles de la grande et de la petite Chaudières sur l’Outaouais, comme celles de la rivière Chaudière et du Montmorency, tout cela donne à la province de Québec une physionomie à part, dont la grandeur ne diminue pas le charme. L’aspect du Saint-Laurent, en particulier, surtout depuis Québec où il s’élargit et se transforme en une véritable mer, n’a rien qui puisse lui être comparé dans l’ancien et dans le nouveau Monde.

Quoique le Canada soit sensiblement sous la même latitude que la France (Montréal est sous le même degré que La Rochelle et Québec sous le même degré que Nantes) son climat, comme d’ailleurs celui des États-Unis, est bien moins égal et moins tempéré que celui de notre pays. On y passe, suivant les saisons, par les extrêmes du froid et du chaud. Le Gulf Stream n’y fait pas sentir pendant l’hiver comme sur les côtes occidentales de notre Europe, la bienfaisante chaleur de ses eaux, et le Canada n’a pas davantage ces brises et ces nuées humides de l’Atlantique qui rafraîchissent et attiédissent notre atmosphère au temps des ardeurs du soleil. « Les vents glacés balaient du nord au sud la grande plaine dont nous avons parlé et pas une chaîne