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fleuve mesure 3 kilomètres de longueur ; la fondation de plusieurs maisons de banque canadiennes-françaises ; l’abaissement des droits sur les vins et sur les eaux-de-vie de France, auquel correspondit, de notre côté, une réduction des tarifs sur les bois et les autres produits du Canada, ce qui augmenta les relations commerciales entre les deux pays. Les historiens du Canada aiment à relever aussi, dans les annales de cette époque, la visite que firent à leur pays plusieurs personnages de marque : le prince de Galles, qui assista à l’inauguration du pont Victoria, le prince de Joinville, fils de Louis-Philippe, le prince Napoléon, etc.

Sir Edmund Head venait d’être remplacé comme gouverneur du Canada par le vicomte Monck (25 octobre 1861). La guerre de sécession entre le Nord et le Sud des États-Unis était déjà allumée depuis plusieurs mois, et les Canadiens, dont les sympathies étaient sans doute partagées, comme celles des Européens, entre les acteurs de ce grand drame[1], en suivaient les péripéties avec un intérêt bien naturel, quand l’affaire du Trent (ce paquebot anglais arrêté en pleine mer par un navire de guerre américain, parce qu’il conduisait en Europe des délégués du gouvernement confédéré) vint menacer de mettre aux prises le gouvernement des États-Unis, qui soutint d’abord son capitaine, et le

  1. M. Louis P. Turcotte affirme, dans son histoire du Canada sous l’Union, que les sentiments de la grande masse des Canadiens français étaient favorables aux confédérés ; ce qui est fort possible, et parce que le parti catholique presque tout entier prit en effet parti, dans ce duel, pour le Sud contre le Nord, et parce que l’intérêt du Canada et de son indépendance future vis-à-vis des États-Unis, pouvait paraître mieux assuré par une dislocation de cette grande République voisine.