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nistration, formée par le rapprochement des « conservateurs libéraux » du Bas-Canada et des conservateurs du Haut, allait de plus en plus incliner vers les idées conservatrices, pendant que l’opposition, dont le noyau était formé par les « clear-grits » du Haut-Canada, avec M. Brown pour chef, et par les « démocrates » ou « rouges » du Bas-Canada (MM. Dorion, Papin, Laberge, etc.) allait s’efforcer de rallier de plus en plus autour d’elle tous les éléments franchement libéraux.

Ce changement de ministère avait coïncidé avec un changement de gouverneur. Lord Elgin fut, en effet, à peu près à la même époque (décembre 1854), rappelé par le gouvernement de la métropole et remplacé par sir Edmond Head. L’un des derniers actes de lord Elgin, comme gouverneur, fut la négociation avec le gouvernement de Washington d’un traité de réciprocité commerciale et maritime entre les États-Unis et les possessions britanniques de l’Amérique du Nord (5 juin 1854). Ce traité faisait tomber les barrières des douanes pour plusieurs articles (grains, farines, bestiaux, etc.) qui pouvaient désormais s’échanger d’un pays à l’autre en pleine franchise. Il accordait, avec certaines réserves, aux vaisseaux américains le droit de pêche dans les eaux britanniques et leur ouvrait la navigation du Saint-Laurent ; en retour, les États-Unis accordaient aux Canadiens le droit de libre navigation sur le lac Michigan.

L’entrée en fonctions du nouveau gouverneur, sir Edmund Head, coïncida avec la sortie de M. Morin du ministère dont il était l’un des chefs. Cette retraite, motivée par des raisons de santé, amena la reconstitution du Cabinet pour toute la section du Bas--