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tions fermaient les ports du Canada à tous autres vaisseaux qu’à ceux de la marine anglaise. Désormais le Canada put importer des marchandises et exporter directement ses produits. La liberté de la navigation amena dans le Saint-Laurent des vaisseaux américains, français, allemands et autres. Un traité conclu à la même époque avec le gouvernement des États-Unis permit aux Canadiens de recevoir en douane les marchandises destinées aux États-Unis et de faire passer par les États-Unis les marchandises destinées à l’exportation. Ainsi le Canada devenait de plus en plus indépendant, tant au point de vue commercial qu’au point de vue politique, de la métropole anglaise : sous ce régime nouveau, son industrie et son commerce ne devaient pas tarder à prendre un nouvel essor.

C’est encore en cette année 1849 que l’usage de la langue française fut officiellement rétabli dans les délibérations du Parlement canadien et dans les actes judiciaires. Lord Elgin poussa la courtoisie jusqu’à prononcer lui-même le discours de la couronne en langue française. L’émotion fut grande sur les bancs occupés par les députés de race française. « Que je me sens heureux et soulagé, s’écria le vénérable M. Viger, d’entendre dans ma langue les paroles du discours du trône ! »


On comprend que ces concessions faites par l’Angleterre, que ces conquêtes précieuses obtenues par les Canadiens français désormais placés sur un pied d’égalité parfaite avec les Anglais et voyant un des leurs à la tête du cabinet, aient désarmé bien des rancunes et produit une détente générale dans les dispositions