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L’écho de ces difficultés diplomatiques avait un moment agité les deux Canadas. La Chambre vota, sans discussion, une loi qui organisait une milice canadienne pour la défense du territoire. Un député du Canada français, le Dr  Taché, prononça, à cette occasion, un discours animé d’un souffle belliqueux, où il rappela les exploits de ses compatriotes en 1812 et protesta qu’en semblable occurence les Canadiens français étaient prêts à agir de même, quelles que fussent les injustices du parti anglais à leur égard.

Cette agitation ne tarda pas à disparaître avec les causes qui l’avaient fait naître, et les Canadiens tant français qu’anglais purent de nouveau porter leur attention sur les intérêts et les luttes de la politique intérieure. La rivalité entre les deux provinces et les deux races était toujours l’aliment principal de ces luttes. C’est à ce moment qu’on voit s’ébaucher les premières tentatives de rapprochement entre les Canadiens français et les conservateurs du Haut-Canada. C’est à ce moment aussi que se fait jour, dans les débats parlementaires, la théorie, longtemps discutée, de la « double majorité », théorie d’après laquelle les cabinets qui présidaient au gouvernement des deux provinces ne devaient rester en fonctions qu’autant qu’ils s’appuyaient, dans le Parlement, sur la majorité des représentants de l’une et de l’autre province.

Mentionnons ici la prise de possession par lord Elgin (20 janvier 1847) des fonctions de gouverneur du Canada. Cette administration, l’une des plus longues qu’ait eues le Canada, puisqu’elle dura jusqu’en 1854,

    où ses intérêts seraient mis en question. (Lamothe, ouvrage cité, p. 235.)