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jusque-là le plus jalousement réservées, enfin préparé l’indépendance, très réelle, dont jouit aujourd’hui le Canada français qui, depuis la constitution de 1866, s’administre lui-même et par un parlement particulier, pour toutes les questions dont il ne doit pas partager le règlement avec ses confédérés.


L’histoire de ces conquêtes successives occupe toute la période qui va de 1841 à 1866. Nous regrettons de ne pouvoir la suivre dans ses détails et d’être obligé de nous en tenir aux grandes lignes.

Le 10 février 1841, le nouveau gouverneur du Canada, M. Thompson, récemment créé baron de Sydenham et de Toronto, prêtait serment et dictait une proclamation au peuple des deux provinces où il dissimulait peu ses préférences pour le Haut-Canada. Trois jours après, paraissait la liste du Ministère, exclusivement composé d’Anglais du parti tory, et dont quelques membres étaient particulièrement impopulaires, non seulement auprès de la population du Bas-Canada, mais encore auprès d’une notable partie de celle du Haut. La période électorale, qui s’ouvrit sur ces entrefaites, fut l’occasion d’une bonne et active campagne, qui propagea, dans tout le Bas-Canada, avec les idées de liberté et de protestation contre l’arbitraire gouvernemental, des notions exactes sur le fonctionnement du régime parlementaire. Quelle que fût la pression exercée dans ces élections par le gouvernement de lord Sydenham, l’opposition conduite par un homme éminent, M. La Fontaine, et prenant pour « plateforme » la protestation contre l’Union, fit passer, dans le Bas-Canada, vingt-trois de ses candi-