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bien conçu pour amener à ce résultat. Le bill qui réunissait les deux Canadas, le Bas-Canada (français) et le Haut-Canada (anglais) jusqu’alors séparés, voté dans la session de 1840, promulgué le 23 juillet 1840, et mis en vigueur le 10 février de l’année suivante, portait, entre autres dispositions :

Que l’anglais serait la seule langue légale et parlementaire ;

Que le nombre des représentants serait le même (de quarante-deux) pour chacune des deux provinces, quoique le Haut-Canada n’eut alors qu’une population bien inférieure à celle de la province française (500,000 contre 700,000 en 1844) ;

Que le chiffre de la représentation, ainsi que l’assiette des divisions électorales ne pourraient être changés que par une majorité des deux tiers des voix dans l’Assemblée législative ;

Que la dette du Haut-Canada, qui s’élevait alors à près de six millions de piastres, passerait à la charge de l’Union, et grèverait par suite de moitié le Bas-Canada qui n’avait presque pas de dettes et fournissait la plus grande somme des revenus publics ;

Enfin, que le choix de la capitale serait laissé au bon plaisir du gouvernement, lequel préféra à Québec et à Montréal, qui avaient tous les droits à cet honneur, une petite ville du Haut-Canada, Kingston, qui n’avait d’autre titre que d’être habitée par une population exclusivement anglaise.

On peut voir, par là, combien l’acte d’Union était partial et injuste, et comme il favorisait l’élément anglo-saxon au détriment de l’élément français. Ce n’était, d’ailleurs, que la continuation du système employé de-