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rent que sept hommes tués et une dizaine de blessés.

C’est ainsi que « l’ordre » fut rétabli à Saint-Eustache. Le lendemain, les « vainqueurs » parcoururent la contrée environnante. À Saint-Benoit où les insurgés avaient, quelques jours auparavant, recruté quelques hommes, les habitants envoyèrent au devant du général Colborne des parlementaires chargés de protester de leurs sentiments pacifiques. Mais le général Colborne ne voulut rien entendre et donna l’ordre à ses troupes de marcher sur le village qu’on trouva désert. Malgré la soumission des habitants, toutes les maisons furent mises au pillage par la soldatesque, et le feu fut allumé sur plusieurs points : en quelques heures tout le village n’était plus qu’un décombre fumant.

Cette fois, on pouvait croire que « l’ordre » était tout à fait « restauré » et que la « société sauvée » en avait fini avec les « rebelles ». Les évêques romains de Montréal et de Québec invitèrent les fidèles à un service d’actions de grâces !

Ce ne fut pas encore la fin cependant, et les troubles recommencèrent encore au mois de mars de l’année suivante (1838). Dans l’intervalle, un nouveau gouverneur, lord Durham, était venu prendre la place de lord Gosford, qui avait demandé et obtenu son rappel. Le nouveau gouverneur arrivait avec de pleins pouvoirs, car le Parlement anglais venait d’adopter, à une faible majorité il est vrai, une loi qui suspendait la constitution de 1791 et avec elle les dernières garanties que les Canadiens français tenaient d’un régime représentatif, si bâtard qu’il fût. Lord Durham fit son entrée dans Québec, le 21 mai, avec un faste vraiment royal, au bruit des salves d’artillerie, au milieu d’une double