Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/366

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cinquantaine de maisons, outre celles du docteur Nelson, des capitaines Jalabert et Chamart, et de quelques autres notables insurgés.

Quelques jours après les combats de Saint-Denis et de Saint-Charles, le 5 décembre (1837) la loi martiale fut proclamée dans toute l’étendue du district de Montréal. En même temps le gouverneur général, lord Gosford, promettait mille louis de récompense à qui livrerait M. Papineau ; la capture de plusieurs autres hommes marquants appartenant au parti patriote était également mise à prix. Déjà quarante-cinq détenus politiques se trouvaient dans la prison de Montréal, et onze dans celle de Québec.

Ces mesures rigoureuses, jointes aux appels que le clergé ne cessait de faire entendre dans le sens de la soumission aux autorités, jointes surtout au sentiment généralement répandu que le mouvement, en dehors du secours des États-Unis, (lesquels ne manifestaient, alors aucune velléité d’intervenir dans les affaires de leurs voisins), n’avait aucune chance de succès ; ces mesures, disons-nous, eurent pour effet de réduire de beaucoup le nombre des insurgés. Les gens d’humeur pacifique envoyèrent des protestations de fidélité à la couronne britannique, tout en déclarant qu’ils maintenaient leurs droits et réclamaient le redressement de leurs justes griefs ; ils demandaient aussi la convocation des Chambres, que lord Gosford n’accorda pas. Le gros du peuple canadien s’en est tenu dès lors à ces démonstrations platoniques. Il ne resta plus dans les rangs des « rebelles », qu’un millier à peine d’exaltés, et dans ce nombre même, quelques hommes qui ne cherchaient dans l’insurrection que des occasions de