Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/361

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

purent se dérober aux poursuites et, trouvèrent asile chez des particuliers. Parmi les personnes arrêtées se trouvaient deux respectables citoyens de Saint-Jean-d’Iberville, M. Desmarais et le docteur Davignon. Un détachement de cavalerie tout entier avait été envoyé pour opérer et protéger cette capture. Mais voici que, comme les cavaliers ramenaient leurs prisonniers à Montréal, ils furent assaillis, en passant près de Longueil, par un parti nombreux d’habitants de la paroisse qui s’était organisé pour délivrer les prisonniers. Les cavaliers sommés de les rendre et entendant siffler les balles à leurs oreilles, jugèrent, à propos de prendre la fuite à travers champs et abandonnèrent la voiture qui contenait les prisonniers.

L’excitation des esprits était générale ; mais elle était particulièrement vive dans les comtés situés au sud de Montréal, sur les bords de la rivière Richelieu. La plupart des habitants de Saint-Charles, de Saint-Denis et des villages environnants avaient pris les armes et le mouvement insurrectionnel s’étendait de proche en proche dans toute la contrée.

Le commandant général des forces anglaises au Canada, sir John Colborne, chargé de soumettre « les rebelles », partagea ses troupes en deux colonnes : l’une commandée par le lieutenant-colonel Witherall, l’autre placée sous les ordres du lieutenant-colonel Gore : cette dernière comprenait quatre bataillons d’infanterie, une compagnie d’artillerie avec une pièce de campagne et un piquet de cavalerie. Parties de Montréal le 22 novembre, les troupes que commandait le lieutenant-colonel Gore arrivèrent le lendemain matin, vers neuf heures, à Saint-Denis, après une marche