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consommer les articles manufacturés ou autres importés d’Angleterre ; on fondait une caisse nationale pour la libération du Canada, sous le nom de « tribut Papineau », à l’imitation du tribut O’Connell qui avait contribué à la libération de l’Irlande. On organisait des processions et on y promenait des bannières où l’on pouvait lire des inscriptions comme les suivantes : « Fuyez tyrans, le peuple se réveille ! » — « L’union du peuple, terreur des grands ! » — « Plutôt une lutte sanglante que l’oppression d’un pouvoir corrompu ! » Un drapeau blanc arboré en souvenir de l’ancienne France, portait, dessiné dans ses plis, l’aigle américain entouré d’étoiles, avec la devise : Libre comme l’air ! et de l’autre côté un aigle canadien portant dans son bec une branche d’érable. Au-dessus une seule étoile avec cette inscription significative : « Notre avenir[1]. » Sur un pavillon noir portant une tête de mort, avec des os en croix, on lisait les noms des derniers gouverneurs anglais : « Craig, Dalhousie, Aylmer, Gosford ! »

La plus imposante et la plus célèbre de ces assemblées populaires se tint à Saint-Charles, le 23 octobre 1837 ; six comtés, ceux de Richelieu, de Saint-Hyacinthe, de Rouville, de Verchères et de l’Acadie, y avaient envoyé leurs représentants. On y adopta une série de résolutions toutes marquées au coin de la passion et de la violence, et on y rédigea une sorte d’appel au peuple, qui fut ensuite distribué à profusion dans les comtés français. — « Il est évident, écrivait lord Gosford au ministre des colonies (2 septembre 1837), que la faction de Papineau ne sera pas satisfaite, tant qu’elle

  1. L.-N. Carrier, p. 49.