Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’introduction d’un nouvel ordre de choses sur ce point serait capable, ajoutait-il, de mettre toute la province en feu. » Craig dut abandonner ses visées.

Plus le gouverneur devenait impopulaire auprès des Canadiens français, plus il était sûr d’être acclamé par l’élément anglais de la colonie. Mais celui-ci n’était encore qu’une faible minorité, et le gouvernement britannique sentait le besoin de s’appuyer sur la majorité d’origine française pour le cas d’une rupture probable avec la République voisine. Il rappela donc Craig et lui donna comme successeur le gouverneur de la Nouvelle-Écosse, sir Georges Prévost, suisse d’origine, homme sage, affable et conciliant. Le nouveau gouverneur manœuvra de façon à se concilier tous ceux que son prédécesseur avait irrités. Le député Bédard, que Craig avait fait jeter en prison, fut nommé juge des Trois-Rivières ; M. Bourdages, adversaire non moins ardent de la précédente administration, devint colonel de la milice. Le clergé catholique fut aussi l’objet d’avances nouvelles, auxquelles il répondit en assurant à nouveau la couronne anglaise de sa fidélité. Les Canadiens français avaient été si peu habitués jusque-là à des égards de la part de leurs conquérants, que le résultat presque immédiat de ces avances du nouveau gouverneur, fut de rallier autour de lui la presque unanimité des sympathies. Aussi, quand la guerre éclata de nouveau entre l’Angleterre et les États-Unis (1811), les habitants du Canada furent-ils, en quelques jours, tous debout pour défendre leurs frontières contre l’invasion qu’on redoutait. Les Chambres accordèrent au gouvernement tout ce qu’il demanda et même au-delà pour soutenir les frais de la guerre. Il se manifesta bien certaines