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leur était faite de prendre part à ce congrès, le premier acte décisif de la Révolution américaine. Les Américains revinrent à la charge et dans ce même congrès où avaient été prononcées les paroles malheureuses que nous venons de relater, on décida, après le vote des célèbres « adresses au roi et au peuple de la Grande-Bretagne », la rédaction d’une troisième adresse, destinée, celle-ci, aux Canadiens et où on les conjurait, — au nom de leurs intérêts, et au nom de ces principes de liberté que Montesquieu venait de formuler dans son beau livre de l’Esprit des Lois, — d’entrer dans la Ligue de l’indépendance américaine. « Saisissez, disait cette adresse, saisissez l’occasion que la Providence elle-même vous présente ; si vous agissez de façon à conquérir votre liberté, vous serez effectivement libres. Nous connaissons trop la générosité des sentiments qui distinguent votre nation pour présumer que la différence de religion puisse préjudicier à votre amitié pour nous. Vous n’ignorez pas qu’il est de la nature de la liberté d’élever au-dessus de toute faiblesse ceux que son amour unit pour la même cause. Les cantons suisses fournissent une preuve mémorable de cette vérité : ils sont composés de catholiques et de protestants, et cependant ils jouissent d’une paix parfaite, et par cette concorde qui constitue et maintient leur liberté, ils sont en état de défier et même de détruire tout tyran qui voudrait la leur ravir. »

En tout autre temps, ce langage, ces avances, auraient eu les plus grandes chances d’être entendus par les Canadiens français. Mais alors, leur vieille rancune contre les « Bostoniens » — comme ils appelaient les habitants de la Nouvelle-Angleterre et de la Nouvelle--