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On ne se disputait plus que pour la distribution des aliments et des remèdes. La plupart des employés étaient morts ou mourants ; l’épidémie avait atteint l’intendant lui-même. Au commencement de 1765, le chevalier de Balzac, chargé de faire le recensement de la population du Kourou n’y comptait plus que 918 survivants sur plus de 5,000 colons qui y avaient été déposés[1] ; il fallut s’en rapporter aux témoignages pour évaluer le nombre des morts. Ceux qui survivaient n’avaient plus qu’une pensée : revenir en France au plus vite. Le gouvernement français, avisé enfin des désastres de cette expédition, donna des ordres pour le rapatriement de ceux qui voulaient revenir. À part une soixantaine de familles allemandes et acadiennes (car plusieurs Acadiens, fuyant la domination des Anglais, avaient accepté l’offre d’être transportés en Guyane) qui consentirent à demeurer et qui se fixèrent sur les rives du Sinnamary, où ils vécurent du produit de leurs bestiaux, tous les malheureux restes de cette fatale expédition accueillirent avec empressement l’offre de retourner en France. Ils furent ramenés à Rochefort et à Saint-Jean-d’Angély où quelques-uns se fixèrent[2] (1765).

  1. Les documents officiels parlent de près de 5,000 colons transportés au Kourou. M. de Chanvalon porte à 9,000 individus des deux sexes le nombre des émigrants amenés dans la nouvelle colonie. M. Malouet (Mémoires et correspondances sur l’administration des colonies) fait monter à 14,000 le nombre des individus qui furent conduits au Kourou. Combien de familles s’éteignirent sans laisser trace de leur existence !
  2. Au nombre des trop rares survivants de ce désastre se trouvait le bisaïeul maternel de l’auteur, Jeau-Adam Diethau ou Deatho, alors âgé de seize ans, et originaire de Kalbach, près Rockenhausen (Palatinat). Son père, François Diethau, émigré du Palatinat avec sa