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commerce canadien ne laissait pas d’être actif. Sous la domination française, le Canada envoyait régulièrement aux Antilles 19 ou 20 navires chargés de blé. Il fournit durant un temps à la Chine elle-même le ginh-seng, retrouvé dans les forêts de la Nouvelle-France, par le célèbre Lafiteau. Le commerce du tabac fut commencé ; celui du thé canadien, auquel l’académicien Gauthier donna son nom, prit un grand essor et fit longtemps la fortune de la ville des Trois-Rivières qui avait commencé par être l’entrepôt principal du commerce des pelleteries, mais que Montréal avait supplantée à ce point de vue. On accuse Trois-Rivières d’avoir été jusqu’à ces derniers temps une ville stationnaire ; mais l’histoire n’a pas encore dit tout le mal que les Anglais lui ont fait[1]. Le baron de La Hontan nous dit de ses traitants au XVIIe siècle, qu’ils étaient cousus d’or et habitaient des maisons somptueuses ; le commerce du thé, remplaçant celui des fourrures, pouvait la maintenir dans sa splendeur ; mais les conquérants prohibèrent le commerce du thé, parce qu’il nuisait au leur, et cette source de richesses a été depuis presque complètement tarie.

Au point de vue intellectuel, le Canada n’avait point non plus été négligé et quoique on puisse regretter que les jésuites aient réussi, là comme partout, à s’emparer de l’enseignement et à en plier les méthodes au profit de leur domination, il serait cependant excessif de dire que l’administration française se soit plu à tenir la population de la colonie dans l’ignorance. L’administration anglaise mérite bien da-

  1. Bibaud. Opere citato, p. 17.