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secours (6 bâtiments avec quelques troupes et des munitions) que notre ministre de la marine s’était décidé à envoyer au Canada, partit beaucoup trop tard de Bordeaux (12 avril) ; nos marins ne purent forcer la croisière que les Anglais avaient déjà établie à l’entrée du Saint-Laurent, et tout ce que purent faire ceux de ces bâtiments qui ne furent pas pris, fut de débarquer leurs troupes dans la baie des Chaleurs, à 300 lieues de Québec, où ils furent absolument inutiles[1].


Il ne restait plus d’espoir à la défense. Trois armées considérables, achevant d’exécuter le plan combiné l’année précédente, se dirigèrent en même temps sur Montréal, resserrant leur cercle de fer autour de nos malheureuses troupes qui, peu nombreuses dès le début de la lutte, et fort diminuées par des combats fréquents, manquaient tout à la fois de munitions de guerre et de bouche. Des actes d’héroïsme marquèrent encore cette dernière phase de notre agonie. C’est ainsi que le capitaine Pouchot, enfermé dans le fort Lévis, arrêta seul, avec 200 soldats, pendant douze jours, les 12,000 Anglais du général Amherst qui l’assiégeaient, et ne se rendit qu’après que les remparts du fort eurent été détruits, toutes ses pièces mises hors de service, tous ses officiers tués ou blessés.

Quand Montréal, bloqué par cette formidable armée d’Amherst, décida de capituler, M. de Lévis, repoussant les conditions de la capitulation, et poussant l’ardeur patriotique à ses dernières limites, proposa de se renfermer dans l’île de Sainte-Hélène pour

  1. Dussieux.