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tifia à Jacques-Cartier. Les autres régiments de troupes coloniales furent distribués dans les villages et à Montréal, où M. de Lévis établit son quartier-général. C’est là que se rendirent les troupes qui avaient honorablement capitulé au fort de Niagara. Après la prise de Québec, la flotte anglaise s’était retirée, pour y passer l’hiver, à Louisbourg, laissant, dans la capitale du Canada une garnison de 7 à 8,000 hommes sous le général Murray. L’hiver de 1759 à 1760 vit une multitude de petits combats. Québec, qu’on se proposait d’attaquer au printemps suivant, fut harcelé, et la garnison anglaise se vit diminuée de plus de 1,500 hommes.

Cependant, M. de Lévis avait sous la main, à Montréal, environ 3,000 soldats et autant peut-être de Canadiens et de sauvages. Le 20 avril 1760, avant même que la débâcle des glaces fût achevée, cette armée patriote « composée de soldats et de citoyens qui ne faisaient qu’un corps et qui n’avaient qu’une âme[1] », s’embarqua dans le Saint-Laurent en face de Montréal, après avoir fait glisser les bateaux à force de bras pour les mettre à l’eau. « L’armée se précipita dans le courant avec une ardeur inconcevable. Les Anglais la croyaient encore paisible dans ses quartiers d’hiver ; et déjà, toute débarquée, elle touchait à une garde avancée de 1,500 hommes qu’ils avaient placée à trois lieues de Québec[2]. » Un incident fortuit sauva ce détachement d’une surprise et d’une attaque où il eût été infailliblement taillé en pièces. Prévenu à temps, le général Murray sortit de Québec avec 4,000 hommes pour

  1. Traducteur anonyme du Voyage d’Isaac Weld.
  2. Ibidem.