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vaient, dès lors, plus rien de redoutable, tandis que leur flotte, toujours à l’ancre dans le Saint-Laurent, tirait ses bordées d’artillerie sur la ville.

La bataille rangée qu’il avait jusqu’alors évitée de propos délibéré, devenait pour Montcalm le seul moyen de sauver la ville. Son armée était alors fort réduite, une partie des Canadiens étant retournés aux champs, après la victoire de Montmorency, pour faire la moisson, et les 3,000 hommes de M. de Bougainville n’ayant pas encore rejoint le camp de Beauport. N’importe, et sans attendre (peut-être emporté par une ardeur hâtive) le retour de ces troupes, M. de Montcalm lança sans tarder les 4,500 hommes qu’il avait sous la main contre l’armée anglaise qui s’était déjà formée en bataille avec du canon. « Les troupes s’ébranlèrent avec beaucoup de légèreté, suivies des Canadiens ; mais, après s’être approchés à portée de pistolet et avoir fait et essuyé trois ou quatre décharges, la droite plia et entraîna le reste de la ligne[1] ». M. de Montcalm, qui était à cheval, courut pour arrêter et rallier ses troupes. « En avant ! cria le héros, et gardons le champ de bataille ! » C’est à ce moment qu’il tomba mortellement blessé d’une balle dans les reins. Il expira le lendemain. « Au moins, je ne verrai pas, disait-il, les Anglais dans Québec. » De son côté, le général Wolfe fut atteint d’un double coup de feu dont l’un lui fracassa le poignet, et l’autre lui transperça la poitrine. Mais il eut le plaisir d’apprendre, avant de mourir, que la victoire restait à ses troupes[2].

  1. Relation du Major Joannès.
  2. Un monument à la mémoire des deux généraux (Wolfe et Mont-