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pace, dans l’Amérique septentrionale, car si nous l’avions une fois perdue en entier, il seroit comme impossible de la ravoir. » Montcalm répondit simplement : « J’ose vous répondre d’un entier dévouement à sauver cette malheureuse colonie, ou périr. »


Au printemps de 1759, tout était prêt, du côté des Anglais, pour conduire une campagne décisive contre le Canada. Le cabinet de Londres, résolu à tout tenter pour se rendre maître de l’immense vallée du Saint-Laurent, avait combiné, dans la campagne précédente, trois attaques à la fois : l’une sur Québec, par une flotte puissante qui devait remonter le golfe et le fleuve ; l’autre, contre les forts Carillon et Saint-Frédéric ; la troisième, contre les forts français établis entre les lacs Érié et Ontario, notamment contre le fort de Niagara, situé près des fameuses chutes de ce nom. Cette triple attaque, soutenue par des forces partout supérieures, et de beaucoup, à celles que nous pouvions leur opposer, devait presque fatalement réussir, et tout ce qu’on pouvait faire était d’en retarder le succès.

Au centre, notre principale défense contre le général Amherst qui s’avançait à la tête de 12,000 hommes, dont 5,700 réguliers, était moins dans les troupes de Bourlamaque (qui disposait en tout de 2,300 hommes) que dans le souvenir des défaites précédentes des Anglais et, en particulier, dans le souvenir tout cuisant encore de l’affaire de Carillon. Aussi le général anglais ne s’avançait-il qu’avec les plus extrêmes précautions, et en prenant soin, à chaque pas qu’il faisait, d’assurer sa marche contre les surprises des Français, par de nouveaux forts ou par des blockhaus. Quand il fut en-