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retranchements faits de troncs d’arbres couchés les uns sur les autres avaient été établis à la hâte par les Français sur la colline en avant du fort. C’eût été là un faible rempart contre l’artillerie que l’armée anglaise traînait à sa suite ; mais Abercromby, informé que le général français attendait un renfort de 3,000 hommes, avait brusqué l’attaque et laissé son artillerie en arrière : il comptait bien vaincre sans elle, étant donnée la supériorité écrasante du nombre de ses hommes.

Le général Montcalm avait donné l’ordre de laisser avancer les ennemis jusqu’à vingt pas des retranchements. Cet ordre fut ponctuellement exécuté. Lorsque les Anglais, divisés en quatre grosses colonnes, dont les intervalles étaient encore garnis de troupes légères, furent à la distance indiquée, la mousqueterie accueillit ces masses avec un feu aussi juste que bien nourri, qui jeta tout d’abord la perturbation dans les premiers rangs des assaillants. Forcés de reculer un instant, les Anglais revinrent à la charge, mais après avoir échangé une vive fusillade, ils furent encore forcés de redescendre la colline. Deux fois, trois fois, six fois, les Anglais s’opiniâtrèrent dans cette attaque, tantôt faisant front à la ligne des Français, tantôt essayant de les tourner ou concentrant toutes leurs forces contre une des ailes de notre petite armée ; toujours ils échouèrent, et furent repoussés avec de grandes pertes. Les fragiles retranchements des Français prirent feu à diverses reprises dans le cours de l’action. Le général Montcalm était partout à la fois, s’exposant comme le dernier des soldats et soutenant tout le monde de sa présence et de ses ordres toujours donnés avec une vue claire et prompte des dangers présents et des nécessités de la situation. Ses