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dace ; s’il y fit des fautes, ce ne fut que par excès de vaillantise et d’intrépidité personnelle. « Aucun homme ne sut mieux que lui, écrit un biographe[1], unir les qualités qui pouvaient attacher et charmer les soldats qu’il avait amenés d’Europe, les colons canadiens qu’il engageait à quitter leur charrue pour le suivre, et les Indiens qui s’associaient à ses expéditions et qui, marchant de nuit, inaperçus, à travers les bois, tombaient sur les habitations écartées des Anglais et les détruisaient avant qu’on soupçonnât leur approche. »

Le général-marquis débarqua à Québec en mai 1756 ; il amenait, comme compagnons d’armes, le chevalier de Lévis, qui fut plus tard duc de Lévis et maréchal de France ; le colonel de Bourlamaque, dont les talents supérieurs allaient trouver un beau champ d’action dans cette guerre d’Amérique, enfin M. de Bougainville, alors capitaine de dragons et qui se fera plus tard un nom célèbre dans nos annales maritimes.

M. de Montcalm trouva l’administration de la colonie dans un fort déplorable état et s’en expliqua bientôt dans ses lettres au gouvernement. Faiblesse du gouverneur ; improbité de la plupart des fonctionnaires et prévarications de l’intendant Bigot et de ses complices ; rivalités des officiers de l’armée de terre contre ceux de l’infanterie de marine et ceux de la milice ; forma-

  1. Biographie universelle. Art. Montcalm. Voir aussi dans le Mercure de France, de janvier 1760, une biographie de Montcalm. M. Dussieux suggère l’idée que les renseignements en ont été fournis par M. Doreil, alors commissaire des guerres au Canada et qui était très dévoué au général.