Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur ordre, écrit un commissaire[1], l’esprit de ce régiment (de Guyenne) est admirable ; tous se sont embarqués avec joie et un empressement si décidé, qu’il n’y a pas un seul homme qui ne soit de bonne volonté. » — « Le régiment de Languedoc, écrit le lieutenant-général, (M. de Crémille), vient de suivre parfaitement le bon exemple du régiment de Guyenne ; il n’y est entré que des soldats de bonne volonté, et il y a même eu bien des contestations entre eux pour la préférence qu’ils demandoient tous également. »

On a plaisir, remarque à ce propos M. Dussieux[2], à voir ces braves gens, qui feront si bien leur devoir au Canada, partir avec autant d’entrain. Cependant la traversée n’était pas facile comme elle l’est aujourd’hui ; c’était un long voyage, pénible et dangereux, pendant lequel presque toujours des épidémies décimaient cruellement les passagers, embarqués en grand nombre sur des bâtiments où les règles de l’hygiène moderne étaient méconnues.

Une escadre de quatorze vaisseaux, dont trois seulement armés en guerre, et de quatre frégates, appareilla de Brest, le 3 mai, emportant ces troupes et des approvisionnements de toute espèce. L’amiral Dubois de la Mothe qui la commandait arriva sur les bancs de Terre-Neuve presque en même temps que l’amiral anglais Boscawen qui avait reçu l’ordre d’intercepter ce convoi et qui disposait de onze vaisseaux de ligne et de plusieurs frégates. Des brouillards séparèrent l’es-

  1. Lettre de M. Doreil au ministre de la guerre.
  2. P. 130.