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vite tant par l’effet des naissances de plus en plus nombreuses que par l’émigration de France qui devenait, elle-même plus importante. De 25,000 habitants qu’elle comptait en 1721, la population s’éleva en quelques années au point d’atteindre, en 1744, le chiffre de 50,000 âmes. Dans l’espace d’une dizaine d’années, (1732-42), il n’y eut pas moins de trente concessions de fiefs ou de seigneuries, car le régime féodal formait toujours la base des exploitations agricoles.

Pour empêcher la dissémination extrême des habitations et pourvoir à la sécurité des habitants, un édit royal défendit qu’on construisît une maison sur une terme ou terre de culture, qui aurait moins d’un acre et demi de front sur quarante acres de profondeur. Dans un autre ordre d’idées, notons encore l’édit royal qui interdit aux jésuites et aux autres ecclésiastiques de posséder des biens de mainmorte. Signalons enfin la réforme introduite dans les couvents de femmes, « où la discipline et les mœurs s’étaient singulièrement relâchées[1] » et les efforts faits par le gouverneur pour répandre l’instruction dans les campagnes et pour les pourvoir de maîtres d’écoles empruntés à l’institut des frères ignorantins (1737).

Mais le meilleur titre peut-être du gouvernement de M. de Beauharnais fut le concours qu’il prêta aux explorateurs désireux de pénétrer dans les « pays de la mer de l’Ouest », dans la direction de l’Océan Pacifique. La plus notable de ces explorations est celle de Varenne de la Vérendrye, qui, parti de Montréal en 1731,

  1. Frédéric Lacroix. Les possessions anglaises de l’Amérique du Nord.