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d’Amérique. Mais c’est seulement à la paix qu’on commença à appliquer sérieusement les idées de Raudot. On fonda, sur la côte orientale, sur un beau port connu jusqu’alors sous le nom de « Hâvre à l’Anglais », la ville de Louisbourg dont on projelait de faire une grande place forte, le Dunkerque de l’Amérique. D’autres centres de population furent établis au Port-Dauphin, au Port-Toulouse, etc. Mais il eût fallu, pour donner de la solidité à ces divers établissements, pouvoir y déverser tout d’abord une population importante ; et les Acadiens qu’on avait espéré d’y attirer en foule ne fournirent qu’un faible contingent de colons. La persécution et l’ostracisme dont ce peuple intéressant fut la victime, ne devaient sévir contre eux que plus tard ; pour le moment, les gouverneurs anglais d’Annapolis les laissaient parfaitement tranquilles dans leurs domaines héréditaires et leur accordaient une complète indépendance, sous la seule condition qu’ils n’entreprissent rien contre le service de l’Angleterre. Dans ces conditions, on ne saurait s’étonner si la plupart d’entre eux ne jugèrent pas à propos de laisser leurs belles terres de Port-Royal, des Mines, de Beaubassin, pour aller défricher un sol bien inférieur. En sorte qu’il n’y eut guère que les habitants français de Terre-Neuve qui consentirent, pour fuir la domination anglaise, à venir se fixer dans l’île Royale, « où ils formèrent de petits villages dispersés, sans ordre, sur le rivage, chacun choisissant le terrain qui lui convenait pour la culture ou la pêche. »

La ville de Louisbourg, bâtie en bois sur une langue de terre qui s’avance dans la mer, atteignit une demi-lieue de longueur dans sa plus grande prospérité. Les