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à des milliers de lieues de leur berceau, sous l’égide et sous le drapeau de la France ! Ils firent prier encore Louis XIV de leur permettre de s’établir dans la Louisiane, demandant seulement qu’on leur accordât la liberté de conscience et promettant de se montrer sujets loyaux et de rendre en peu d’années le pays très florissant. Louis, que l’erreur d’une histoire complaisante a appelé « le Grand » refusa cette offre qui eût été le salut de notre empire colonial. « Le roi, écrivit sèchement Pontchartrain, n’a pas expulsé les protestants de son royaume pour en faire une république en Amérique ». — Les Huguenots, ne se lassant point, renouvelèrent encore leur demande sous la régence du duc d’Orléans ; cette demande fut également repoussée. Ainsi, la monarchie française, on ne peut se lasser de le redire, qui n’avait point de colons à envoyer au Canada ni en Louisiane, refusait encore une fois la seule chance de fonder un empire de ses enfants en Amérique, aimant mieux laisser ce continent à une nationalité étrangère qu’à des fils qui n’entendaient pas le christianisme à la façon du P. La Chaise ou du cardinal Dubois !

Ahandonné à ses seules et faibles ressources, d’Iberville commença, en 1701, l’établissement de Mobile ; il y bâtit un fort où son frère, Lemoine de Bienville, nommé commandant en chef de la colonie, transporta les habitants de Biloxi. L’armée d’après, d’Iberville fit construire des magasins et des casernes dans l’île Dauphine ; mais cet établissement, trop rapproché de la mer, fut ravagé en 1711, par des corsaires espagnols qui causèrent an gouvernement et aux particuliers pour 80.000 francs de dommages. D’ailleurs, les habi-