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ces tribus et à se faire agréer d’elles comme leur chef.

Le poste de Pentagoët, dont M. de Grandfontaine lui confia le commandement, était à proximité de leurs cantons. Leurs montagnes, d’autre part, dominaient les colonies anglaises, fournissant de toutes parts des embuscades redoutables durant la lutte, des abris assurés en cas de retraite, des sorties multipliées sur les établissements du Massachussets, du Connecticut et du New-Hampshire[1]. Saint-Castin se fortitia dans cette position avantageuse, et le mariage qu’il contracta avec la fille d’un chef indien le constitua le véritable souverain de tous les Abénakis. D’autres capitaines de sauvages, Énaud, de Népisiguy, un des d’Entremont, Denys, de Miramichi, imitèrent son exemple et ne crurent pas se déshonorer en épousant des filles indiennes.

« Il ne se passait pas d’année sans que chacun des capitaines ne fît, dans son quartier, une grande distribution de présents aux guerriers des tribus, tant en son nom qu’au nom du roi de France ; ils les réunissaient alors dans de grands festins, où assistaient souvent des officiers français. Les viandes qu’on y servait étaient entassées dans de grandes chaudières à la manière indienne ; pendant plusieurs jours, les récits de chasse et de combats, les danses sauvages, y étaient entremêlés de force rasades d’eau-de-feu. Ces réjouissances grossières servaient de prélude aux expéditions de chasse et de guerre, quand les capitaines de sauvages, ces seigneurs fauves habillés de peaux de bêtes, rassemblaient leurs vassaux indiens, sur la réquisition des gouverneurs français[2]. »

  1. Rameau.
  2. Rameau, p. 195.