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Salle fit route, dès l’année suivante, pour rejoindre ses compagnons, mais il trouva Crèvecœur abandonné et dut encore une fois retourner sur ses pas. Enfin, dans une troisième expédition, où il se fit accompagner de vingt-quatre Français et de dix-huit sauvages, il put poursuivre plus avant sa route vers le sud ; ayant atteint le Mississipi, le 6 février 1682, il le descendit, en s’arrêtant fréquemment en route, pour reconnaître les tribus du voisinage : Arkansas, Chactas, Natchez, etc. Vers le 9 avril, il arriva enfin aux bouches du grand fleuve, près de l’emplacement actuel de la Nouvelle-Orléans, et prit solennellement possession, au nom du roi de France, de ce grand bassin du Mississipi, qui reçut de lui le nom de « Louisiane ». C’était la possession de l’Amérique assurée à la race française, si les « Louis » de France avaient su se montrer dignes de l’hommage que leur faisait alors le grand explorateur français !

Mais, hélas ! on ne dira jamais assez tout le mal qu’ont fait à la France — à l’époque surtout où nous sommes arrivés, — et le « grand-roi » tombé entre les mains de la Maintenon et de son confesseur, et les Jésuites si puissants à la cour par le P. Le Tellier et acharnés à la ruine de tout ce qui leur résistait ou leur portait ombrage.

Le comte de Frontenac avait déplu à l’ordre tout-puissant. Il fut rappelé (1682) et remplacé par M. de la Barre, qui s’était montré brave marin dans la mer des Antilles, mais qui était bien le plus incapable des administrateurs et dont l’impéritie et la mollesse allaient mettre la colonie à deux doigts de sa perte. À son retour au Canada, Cavelier de La Salle apprit en même temps le départ de son protecteur, Fronte-