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femme, Jeanne Molin, de Courcelles en Charolais, dont il n’eut pas moins de neuf enfants. La fécondité des familles, tant en Acadie qu’au Canada, commençait déjà à suppléer à la pénurie des « peuplades » envoyées de la métropole. D’Aulnay estimait justement que les grandes familles sont une bénédiction d’en haut : « Les enfants, dit le Psalmiste, sont un héritage de l’Éternel ; le fruit du mariage est une récompense. Comme les flèches dans la main d’un guerrier, ainsi sont les fils de la jeunesse. Heureux l’homme qui en a rempli son carquois ! »

Les nouveaux immigrants qu’amenait d’Aulnay étant réunis aux colons de Razilly, il se trouva environ quarante familles de cultivateurs groupées dans la vallée de Port-Royal. Quelques-unes d’entr’elles remontaient, au moins par des alliances avec les filles métisses, jusqu’aux colons de Poutrincourt, quelques autres tenaient aux Écossais établis naguère en la contrée ; d’autres avaient été amenées par Razilly et le surplus venait de s’installer dans la contrée. Tous étaient pourvus de concessions de terre, par lots de cent arpents environ ; ces concessions étaient chargées d’une rente foncière et perpétuelle d’un sou par arpent, plus une redevance variable de poulets et autres menues denrées.

Les maisons d’habitation de ces premiers Acadiens étaient fort grossières, comme le sont celles des pionniers de nos jours. Les mieux conditionnées, et le manoir lui-même, étaient formées par de grosses poutres dégrossies, étagées les unes sur les autres et assemblées par les extrémités ; ce genre d’édifice s’appelle encore aujourd’hui une construction de pièces sur